Random Thoughts by Fabien Penso

Le conseil informatique

Les vendeurs de légumes ont quelque chose que les vendeurs de conseils experts en informatique aimeraient bien avoir. Ils vendent un bien matériel qui permet à l’acheteur de tout de suite savoir ce qu’il achete, et de se rendre compte que ça a une valeure. L’acheteur sans même avoir acheté sait déjà que ce ne sera évidemment pas gratuit, et peut même toucher le bien qu’il souhaite acquérir (quel luxe!).

<p>Si un acheteur potentiel prenait 1Kg de fruit et partait sans payer, les preuves du délit seraient immédiates, et sans discussion possible.</p>


<p>Dans le conseil c’est tout l’opposé. Ce que vend le prestataire c’est son cerveau, sa matière grise, son experience. Rien de concret, que du vent, et c’est bien là le problème. Combien de clients potentiels m’appellent et souhaitent me rencontrer pour discuter d’un projet qui les occupent. Plein de cas de figure me sont arrivés, en voici deux pour l’exemple (toute ressemblance avec une histoire que vous auriez vécu est le fruit du hasard):</p>


<h2>L’entreprise en phase de création</h2>


<p>4 personnes pensent avoir une idée géniale, innovante, et qui mérite de créer une société. Pire que ça, ils pensent que cette idée permettra une levée d’argent immédiate (ou rapide), des fonds tombés du ciel de la part d’investisseurs en mal de dépense. Malheureusement pour lever de l’argent il faut tout de même un prototype (une démo), et ces 4 personnes à l’idée géniale n’ont pas les compétences pour l’effectuer eux-mêmes.</p>


<p>Vient alors une délicate étape, trouver quelqu’un de compétent (et donc cher) qui pourrait travailler gratuitement. Toutes les feintes sont possibles pour arriver au but désiré.</p>


<p>On me contacte alors, et on me propose de ne me payer que si les sous sont levés (HAHAHA! La grosse blague!). Enfin évidemment ça ne commence pas comme ça, d’abord on vous demande si vous êtes intéressé par le projet. Vous dites que oui et vous donnez vos tarifs à la journée, on vous répond que pas de problème. L’engrenage est lancé. A la fin vous aurez passé quelques jours (au mieux) sur un travail non facturé, et vous aurez passé de l’information à votre (non) client qui lui ne vous payera jamais pour ça. Evidemment vous n’avez donné aucun code, vous avez juste donné de votre temps, mais le temps ce n’est pas concret, et peu de monde voudra bien vous payer pour ça.</p>


<p>En gros, on vous fait subir la prise de risque de ne pas lever l’argent, alors que ce n’est pas votre idée, et que vous n’avez aucun intérêt dans le projet.</p>


<h2>Le prestataire</h2>


<p>Un prestataire d’une entreprise se voit attribuer un projet dont personne n’est sûr qu’il aboutisse. Pas de chance, le prestataire n’est pas compétent dans ce domaine, mais il n’a aucun intérêt à le dire. Il a tout intérêt à montrer qu’il peut effectivement le gérer. Vient alors sa partie difficile, trouver un autre prestataire compétent alors qu’il n’a pas de budget.</p>


<p>Il me contacte et me demande ce que j’en pense, j’en pense que c’est faisable et je donne mes tarifs, on me répond aucun problème (de toute facon à ce moment là il n’y en a évidemment jamais).</p>


<p>Au final on passe quelques heures ou une journée pour évaluer plus en  profondeur, sur la demande du prestataire, la faisabilité du projet, ce que ça implique et boum! le projet ne se fait pas. Evidemment, le client n’a rien signé à son prestataire, et le prestataire à qui vous avez donné de l’information, de la matière grise, ne souhaite pas du tout payer, ce serait de sa poche (on le comprend). Dans l’histoire celui qui perd le plus son temps, c’est moi.</p>


<p>Le prestataire est passé pour compétent vis à vis de son client, cela lui permet de continuer son travail relationnel pour envisager d’autres projets dans lesquels il pourra être impliqué. Mais moi n’ayant pas de relation direct avec le client, je perds tout. Les quelques heures effectuées ne seront sans doute jamais facturées (enfin c’est la roulette Russe).</p>


<p>Mon conseil. Définissez dès le premier rendez-vous, à la première heure, les responsabilités des personnes impliquées. Une règle d’or, votre interlocuteur <strong>est</strong> la personne qui assumera et vous reglera le temps que vous aurez passé.  Et définissez dès le départ ce qui se passera si le projet n’aboutit pas. <strong>Ne passez pas</strong> plus d’une heure sur un projet si un bon de commande ne vous a pas été signé, les projets ont 95% de chance de ne pas dépasser le cap de l’idée (d’experience). Si votre interlocuteur ne souhaite pas être responsable, demandez de rencontrer ses clients, si le temps passé ne vous est pas payé, vous aurez au moins eu l’avantage d’avoir de nouveaux clients potentiels.</p>


<h2>Conclusion</h2>


<p>Il n’y a aucune raison que l’expert ait à supporter les prises de risques inhérentes à tout projet. Principalement celle que le projet soit abandonné. Imaginez vous dire à un vendeur de fruit “Je prends 1KG de citron, mais je ne vous payerai que si je les mange”? Il faut donc définir dès le début les modalités dans le cas ou le projet ne se fait pas, et faire signer un bon de commande sur une durée à investir dès la première heure de travail.</p>